Aller au contenu

Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


DU MERLAN.

C’est un poisson d’environ un pied de long, presque aussi gros que le bras, couvert de petites écailles blanches argentées, lequel a les yeux grands & blancs, & la bouche garnie de dents fines & pointuës. Il se nourrit des petits poissons qu’il trouve dans la mer. Il n’y a point de poisson d’une chair plus legere que celui-ci, & si on dit ordinairement du poisson, que c’est une eau figée, on peut presque dire du merlan, que c’est une eau rarefiée, aussi ne charge-t-il pas l’estomac, & il faudrait en faire un grand excès pour s’en trouver incommodé. Ce n’est pas que le merlan ne nourrisse, mais cette nourriture n’est pas de durée ; c’est ce qui a fait dire à Xenocrate, que si la chair de ce poisson est d’un bon suc, si elle passe facilement, εὐδιαφόρητος, si elle nourrit, le suc qu’elle donne s’échappe neanmoins si vite, que la nature n’a presque pas le tems d’en disposer pour le soûtien du corps : c’est ce qu’il faut entendre par le mot δυσδιοικητος dont cet Auteur se sert, & qui signifie en cet endroit, difficile à arrêter, difficile à fixer[1] : ce que Nonnius, pour le

  1. δυσδιοικητος vient de δυς difficulter, ægre & de διοικέω habito. Ainsi δυσδιοικητος est la même chose que difficilis locatu.