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DE L’ALOSE.

Ce poisson a de grandes écailles minces, faciles à détacher ; la tête écrasée vers le haut, le museau pointu, la bouche sans dents, une lame osseuse & luisante à chaque côté de la tête, au dessus des yeux : le dos d’un blanc jaunâtre, avec les côtez & le ventre de couleur argentine. Il devient aussi grand que le saumon ; il passe dans les rivieres, & on le trouve beaucoup meilleur quand il a été quelque tems dans l’eau douce ; mais quelque bon qu’il y devienne, il retient toûjours une certaine acreté, qui en rend la chair beaucoup moins saine qu’elle ne seroit sans cela. Cette acreté se fait même sentir aux gencives & aux dents, quelque fraîche que soit l’alose ; mais si elle ne l’est pas, le suc acre qu’elle renferme, devient beaucoup plus sensible, & peut faire tort non seulement aux dents & aux gencives, mais à l’estomac. Les œufs de ce poisson sont bons à manger. Il s’en fait un grand trafic aux Indes, où l’on en charge des navires. L’alose aime naturellement le sel, & elle suit plus de trois cens lieuës en terre les bateaux qui en sont chargez : c’est pourquoi on l’a nommée Alausa, Alose, du Grec αλς, αλος, qui signifie sel. L’Au-