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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/358

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gouste, appellée ici par le peuple Sauterelle, se nomme en Grec κάραβος, qui est le nom d’une espece d’Ecrevisse : or dans le Passage, où il est dit que saint Jean ne vivoit que de Sauterelles, esca autem ejus erat Locustæ & mel sylvestre. Le Texte Grec ne porte point κάραϐος, qui auroit déterminé Locustæ, à signifier une espece d’Ecrevisse ; mais il porte ἀκρίδες, qui signifie veritablement des Sauterelles, telles qu’on les voit dans les campagnes ἡ δὲ τροφὴ αὐτοῦ ἦν ἀκρίδες, dit S. Matthieu[1] : or sa nourriture étoit des Sauterelles ; & S. Marc[2], καὶ ἐσθίων ἀκρίδας, & il mangeoit des Sauterelles.

L’Anonyme s’est donc mépris, de croire que parce qu’il y a des Ecrevisses, qu’en quelques païs, le peuple appelle Sauterelles, c’étoit peut-être, de ces sortes d’Ecrevisses que S. Jean mangeoit, & non pas des Sauterelles. Il a crû sa conjecture d’autant mieux fondée, qu’il n’a pû se persuader apparemment que les Sauterelles pussent être du nombre des alimens ; mais outre que chez les Orientaux[3], c’est la coûtume d’en servir sur table, du moins parmi les gens du commun ; & qu’en Perse & à la Chine, le peuple

  1. Matth. c. 3. v. 4.
  2. Marc. c. 1. v. 6.
  3. S. Hieron. c. 36. contr. Jovin. Tract. 1. Ascens. in Aulu-Gel. lib. 16. cap. 11.