Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/45

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Il y a des vieillards décrepits qui digerent mieux certains alimens grossiers, qu’ils ne faisoient dans la force de la jeunesse[1] ; est-ce que les fibres de l’estomac, le diaphragme, les muscles du bas ventre, sont devenus plus forts dans ces vieillards ?

Des personnes robustes digerent des viandes grossieres, que des personnes délicates ne peuvent digerer ; mais il se rencontre tout de même, des personnes délicates qui digerent des choses que les plus robustes ne peuvent digerer. Cependant si la digestion se fait par le broïement, il est naturel de penser que la personne robuste qui a par consequent les fibres de l’estomac plus fortes, & les muscles plus forts, doit digerer tout ce que l’autre qui a les organes plus foibles, peut digerer.

On voit des gens qui digerent les viandes les plus coriasses, jusqu’à des nerfs même, & qui ne sçauroient manger un peu de fruits, sans souffrir des indigestions ; les fruits neanmoins sont plus aisez à broïer. Le millet est le moins gras, & le plus

  1. Sunt plurimi octogenarii valde imbecilles, qui sæpe & multum cibum ex valentissimâ naturâ quotidie comedunt, & promptius concoquunt quàm ipsi iidem in juventure. Mart. Lister Dissert. de Humor. c. 17.