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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/486

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En 1696. un particulier, qui ne pouvoit manger ni legumes ni poisson, sans éprouver de grands vomissemens, & qui ne laissoit pas d’observer exactement le Carême, exposa son état à un Religieux Benedictin de l’Abbaïe du Tréport, lequel l’invita à dîner dans sa Communauté, & lui fit servir d’un Pilet. Le particulier en aïant mangé, sans en être incommodé, pria les Religieux Benedictins de lui en envoïer. Quelques personnes devotes, qui se trouverent chez lui un jour de Carême, comme on lui en servoit à table, & qui apprirent qu’il faisoit usage de cette nourriture, à l’exemple & par l’avis des RR. PP. B. furent aussi-tôt en avertir le R. P… Religieux de l’Ordre de… & Curé de la Paroisse de… lequel sans perdre tems, en écrivit une Lettre de plainte à Monseigneur l’Archevêque de Roüen, lui mandant, qu’au grand scandale de la Religion, il y avoit dans son Diocése une Communauté qui mangeoit & permettoit aux autres de manger en Carême, d’un oiseau nommé Pilet, lequel avoit une veritable graisse, vivoit sur terre, se nourrissoit de grains, & ne differoit en rien de la viande. Ce Prélat ne soupçonnant pas qu’on lui écrivît de la sorte, sans être pleinement informé de ce qu’on lui mandoit, répondit en ces termes.