Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/532

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suivre pour leur santé. En effet, si la viande est mal-faisante, & dangereuse pour la vie, à qui ce poison pourra-t-il être plus mortel, qu’aux personnes foibles & infirmes ? L’Auteur dira-t’il qu’il faut donner quelque chose à la coûtume ? Mais quand il s’agit de conduire des personnes infirmes, ne leur retranche-t-on pas tout ce qui peut leur être nuisible ? Un malade a la fiévre, ou est ménacé de l’avoir, on commence par lui retrancher le vin, quoi-qu’il ait coûtume d’en boire. On lui ôte les autres alimens, dont il avoit coûtûme de se nourrir, & on le réduit à de legers boüillons. On lui fait faire ce qu’il n’avoit pas coûtume de faire, sans quoi on l’exposeroit à la mort. Comment donc laisser manger de la viande à une Accouchée, à qui le danger de la fiévre doit rendre si redoutables, les soufres malins & inflammables, dont la viande est remplie ? Nous remarquerons qu’Hippocrate veut qu’on accorde quelque chose à la coûtume & au goût des malades ; mais c’est lors que ce qu’ils demandent n’a pas une qualité manifestement mauvaise. Or ce n’est point ici le cas, puisque nôtre Auteur regarde la viande comme un aliment qui renferme de la malignité, & plûtôt comme un poison, que comme un aliment.