Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/67

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peine à digerer que les autres, & tombent ordinairement en langueur, comme le remarque le sçavant Baglivi. La salive est une liqueur qui tient du dissolvant universel, & l’on sçait qu’elle fournit des sels destinez en Chymie à de grands usages. Elle est si pénetrante pour la dissolution intime des corps, qu’il n’y en a peut-être point qui la surpasse. Elle est insipide à nôtre égard ; mais toute insipide qu’elle est, continue le même Baglivi, elle s’insinuë dans les alimens, les divise, & en tire les principes essentiels : elle est insipide, mais elle mondifie les ulceres, resout les tumeurs, fait fermenter la pâte, & possede toutes les autres proprietez que le sçavant Tachius lui attribuë[1]. L’Auteur du Traité des Dispenses, dit que ce qui est insipide & sans odeur, ne sçauroit faire la fonction de levain[2] ; mais outre que ce principe est évidemment faux, l’Anonyme ne prend pas garde que l’insipidité, aussi bien que la saveur, est quelque chose de relatif ; les passereaux, par exemple, les chardonnerets, & quelques autres oiseaux, trouvent du goût à la salive de l’homme, comme il paroît par l’empressement avec lequel ils la viennent prendre à la bouche,

  1. Georg. Bagl. Dissert. secundâ dex perim. circa saliv.
  2. Pag. 21. de la 1e. édit. & page 35. de la 2. tom. 1.