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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/68

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lorsqu’on les a apprivoisez. Les chévres trouvent un mauvais goût & une mauvaise odeur, non seulement à la salive de l’homme, mais au souffle même de ceux qui ont l’haleine la plus exempte, à nôtre égard, de toute sorte d’odeur & de goût. Témoin l’aversion que ces animaux marquent pour le pain qu’on leur présente, aprés qu’on a soufflé dessus ; c’est donc mal raisonner de croire que parce que nous trouvons une chose insipide, elle soit telle absolument ; mais c’est encore plus mal raisonner de conclurre qu’elle ne renferme aucun sel capable de pénetrer les corps : & pour revenir à la salive, ce suc, tout insipide qu’il nous paroît, contient un sel nitreux salin, analogue au sel universel : c’est de quoi on peut se convaincre, en confrontant le sel qui se tire de la salive par la distillation, avec celui qui se tire de la pluïe, de la grêle, ou de la neige, par le même moïen ; en sorte qu’il est impossible que la salive ne soit un des plus forts dissolvans : ce qui fait dire au sçavant Medecin, dont nous venons de faire mention, qu’elle est le principal menstruë dont la nature se sert pour la digestion des alimens, primarium chylificationis menstruum[1]. La salive, continuë-t-il, qui est ainsi ap-

  1. Bagliv. ibid.