Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/79

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Comment des hommes peuvent craindre de manquer de force, en mangeant ce qui engraisse même les animaux les plus robustes[1], comme les chevaux & les bœufs, qui nous deviendroient formidables, ajoûte-t-on, s’ils connoissoient leur force.

Voilà qui est en effet trés-étonnant ; quoi une nourriture qui engraisse, qui fortifie le cheval & le bœuf, n’engraissera & ne fortifiera pas l’homme ! la chose n’est pas possible, & on a tort, si on ne se met promptement au foin & à l’avoine. Mais parlons sérieusement, un Medecin[2] peut-il ignorer que toute nourriture est relative, & que bien loin qu’il faille conclurre que ce qui fortifie le cheval & le bœuf, doive aussi fortifier l’homme ; à peine peut-on dire que le même aliment qui fera du bien à une personne, en doive faire à une autre. Quoi qu’il en soit, si le raisonnement de l’Anonyme est bon, il faut approuver celui-ci, qui est de même caractere. On veut décrier la viande comme dangereuse à la santé de l’homme ; mais comment peut-on craindre de manquer de santé, en mangeant ce qui fait vivre le corbeau, la corneille, le brochet, qui vivent des siécles entiers ?

  1. Page 27. de la 1e. édit. & p. 44. de la 2e. tome 1.
  2. L’Auteur se donne pour Medecin, dans sa Préface.