Aller au contenu

Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le vautour, le corbeau, & plusieurs autres animaux carnassiers, ne se nourrissent que d’herbes ou de fruits. Ainsi bien loin que cet endroit de l’Ecriture prouve qu’avant le Déluge Dieu ait défendu à l’homme de manger de la viande, il sembleroit plûtôt prouver le contraire. Mais voïons si cette prétenduë défense peut se conjecturer d’ailleurs. Dieu parlant à Noé aprés le Déluge, lui dit, de se nourrir de tout ce qui avoit vie & mouvement ; & lui ajoûta, qu’il lui abandonnoit toutes ces choses, comme les legumes & les herbes[1] ; par où on voit qu’il permet à ce Patriarche la chair des animaux. Or, dira-t-on, Dieu n’auroit pas donné alors cette permission à l’homme, si l’homme l’avoit déja euë. La consequence n’est pas sûre : car Dieu déclare aussi à Noé, qu’il lui donne droit sur toutes les espèces d’animaux universellement[2] : il avoit neanmoins déja donné le même droit à l’homme, en la personne d’Adam. Dieu benit Noé & ses enfans, aprés le Déluge ; il avoit déja beni Adam : Dieu dit à Noé & à ses enfans : Croissez, multipliez-vous, & remplissez la terre : il l’avoit déja dit à Adam. Quand donc Dieu donne à Noé aprés le Déluge la permission de manger de la

  1. Genes. cap. 9. vers. 3.
  2. Genes. ibid. v. 2.