Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par la rosée, qui penetre les feüilles des plantes. Ainsi le suc nourricier que les racines envoient jusqu’aux feüilles, & qui est un suc presque tout aqueux, ne peut concevoir qu’une fermentation douce, paisible & égale lorsqu’il vient à se mêler avec un sel aërien, aussi châtié & aussi adouci. Par cette fermentation douce, il se perfectionne & se digere ; puis descendant des feüilles jusqu’à la racine, il porte aux fruits, aux branches, & au tronc, la nourriture necessaire. Il n’y a donc point dans les plantes de si grandes fermentations que dans les animaux : leur sel est moins acre, moins mordant, plus simple, par consequent plus temperé, & ainsi plus propre pour la nourriture de nos corps. »

Deux Reflexions vont faire voir l’erreur de ce raisonnement : premierement, l’Auteur dit que la chair des animaux n’est pas temperée, comme celle du corps de l’homme, & qu’elle abonde en sels acres & mordans ; mais la raison qu’il en apporte, prouve plus qu’il ne veut, puisqu’elle prouve que le corps de l’homme n’est point ici plus privilegié que celui des animaux. En effet, l’unique raison qu’il allegue c’est que le sel de l’air entre, sans s’alterer, & avec toute sa force dans les poumons des animaux, dans