Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/148

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idées claires & certaines, & qu’on ne peut imaginer ? c’est-à-dire, dont on ne peut peindre à l’esprit ni les représentations, ni les images. Il n’en est pourtant pas tout-à-fait de même de la division des sucs qui se fait dans nos corps. Quoiqu’elle soit immense cette division[1], puisque son terme est de rendre le suc divisé insensible par la transpiration, on peut du moins, avant qu’elle soit à ce terme, l’imaginer sous un volume assez sensible, pour en conclurre que la matiere aïant été divisée dans nos corps autant qu’elle peut l’être, a infiniment moins de masse que la cent quarante-quatre milliéme partie d’un grain, puisqu’on peut se représenter sensiblement cette cent quarante-quatre milliéme partie, sans pouvoir se figurer le poids ou le volume infiniment petit que prend le suc nerveux quand il se résout en vapeur : voici comment. Un grain pesant de soïe qui sort de l’enveloppe du ver à soïe, peut prendre jusqu’à six-vingts aulnes de longueur ; or en tirant une ligne de six-vingts aulnes, autant déliée puisse-t-elle être, on peut marquer dessus avec la pointe d’une plume qui ne sera pas bien fine, cent quarante mille points d’encre trés-distinguez : voilà donc un grain de matiere partagé en cent quarante-

  1. P. 561. de la 2e. édit.