Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/165

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repas & le coucher, les parties du corps recevant alors trop de sucs nourriciers, en seront surchargées, ce qui à la longue produira un embarras général dans les vaisseaux ; & rallentissant par ce moïen le mouvement des sucs, exposera le corps au danger que décrit Hippocrate, dans le troisième Aphorisme du premier Livre : au lieu que pendant la veille les alimens se digerant moins, & fournissant plus de marc aux intestins, le corps peut sans risque prendre une plus abondante nourriture vers le milieu du jour. Au reste, que le sommeil soit plus favorable à la digestion que la veille, la nature l’enseigne elle-même quand elle assoupit les petits des animaux, & les enfans aussi-tôt aprés qu’ils ont pris leur nourriture[1].

En général, soit à dîner, soit à souper, il vaut mieux manger peu que beaucoup, l’Auteur a soin de le dire, & on est fort de son sentiment. Il avertit que le secret pour prévenir le malheur d’être malade de trop manger, c’est de manger au dessous du nécessaire, l’expédient est immanquable ; le moïen seroit encore plus sûr, si on ne mangeoit point du tout. On ne peut nier qu’il ne soit plus sain de manger peu que beaucoup ; mais on

  1. Mart. Lister de humor. cap. 18.