Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/225

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l’heure du repas. Voici ses raisons 1o. « Le Tabac, soit en poudre, en machicatoire, ou en fumée, agit par sa vapeur ; or une vapeur, une odeur, ne laisse pas de nourrir le corps : témoin Démocrite qui soûtint sa vie pendant trois jours, quoi-que dans un âge fort avancé, respirant seulement la vapeur de pains chauds[1] : témoin ceux qui ont retardé leur mort uniquement en flairant du miel, &c. Donc le Tabac rompt le jeûne. »

Mais l’Anonyme y pense-t-il ? lui qui dit ailleurs, comme nous l’avons vû plus haut, que selon les forces ordinaires de la nature, on peut se passer d’aliment pendant quatorze jours, & au milieu des plus grandes fatigues, sans en être malade. Car si cela est, qu’est ce qui lui persuade que lorsque Démocrite a demeuré trois jours sans manger, ç’a été en vertu de la fumée de pains chauds qu’il respiroit ; & que lorsque les Indiens, dont il cite plus bas l’exemple, se passent si long-tems de manger, c’est au tabac qu’ils en sont redevables ? On peut, sans en être malade, & selon les forces ordinaires de la nature, se passer de nourriture pendant quatorze jours ; à plus forte raison le pourra-t-on trois jours. Voilà dans quelles contrarietez on se jette, quand

  1. Pag. 482. de la 2o. édit. tom. 2.