Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/227

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comme un aliment capable de nourrir assez pour rompre le jeûne ; c’est ce qu’on n’accorde pas. L’exemple de ce Philosophe, dont nous avons parlé plus haut, lequel passa toute sa vie sans autre nourriture que les raïons du Soleil, auroit pû servir merveilleusement à nôtre Auteur, pour faire voir que l’odeur du tabac, qui est quelque chose de bien plus grossier que la lumiere, peut nourrir considérablement. Quoiqu’il en soit, l’exemple de Démocrite, & celui de ceux qu’on dit avoir prolongé leur vie en flairant du miel, paroissent suffisans à l’Anonyme. Le tabac nourrit donc, parce qu’il a de l’odeur ; mais si cela est, que sçait-on si les jours de jeûne, on peut, en sûreté de conscience, se promener dans un jardin plein de fleurs ? Le Carême ne seroit-il point mal placé, de l’être au Printems, où l’air est tout rempli de l’odeur des fleurs que cette saison fait éclorre ? Les bouquets ne devroient-ils point être défendus en Carême, à moins qu’ils ne fussent de fleurs artificielles ? Pline assure qu’il y a des peuples qui n’ont point de bouche, lesquels ne vivent qu’en flairant des racines, des fleurs, & des fruits sauvages, qu’ils portent avec eux : Scribit Megastenes nullum illis cibum, nullumque potum,