Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/228

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tantùm radicum florumque varios odores, & sylvestrium malorum quæ secum portant[1]. Voilà un grand préjugé contre l’usage des bouquets en Carême. Il est vrai que Strabon traite la chose de fable ; mais Strabon sçavoit-il que les odeurs fussent aussi capables de nourrir que le pain ? L’usage de l’encens ne devroit-il point pendant le Carême être banni des Temples ? ce parfum est-il si nécessaire dans nos Églises, qu’il faille risquer jusques dans le Sanctuaire même, de faire rompre le jeûne aux Fidéles, & sur tout aux Ministres du Seigneur ? Mais changeons de langage ; nous voulons qu’à prendre les choses selon la rigoureuse Physique, toutes les odeurs soient nourrissantes, absolument parlant ; celle du tabac peut-elle l’être assez pour rompre le jeûne ? & oseroit-on soûtenir une telle proposition, sans contrarier l’esprit de la Morale Chrêtienne, qui est grand en tout, & qui est ennemi des petitesses, témoin ces paroles :

Conducteurs aveugles ! la crainte d’avaler un moucheron vous fait passer ce que vous bûvez, & vous avalez un chameau.

Vous netoïez le dehors de la coupe & du plat, & le dedans de vôtre cœur

  1. Pline, lib. 7. cap. 2.