Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/231

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qui donne des forces, & qui ôte la faim & la soif, & ce qui ne se prend que pour le plaisir, ne rompt-il pas le jeûne ? » Parcourons ces raisons. Le tabac n’étant pas un être imaginaire, doit être défini : cela est juste. Or ce n’est pas un remede ou un médicament, quand il est habituel. Il faut distinguer ; ce n’est pas un remede quand il est si habituel, qu’on en prend à tous les momens ; cela est vrai : ce n’en est pas un, quand on a l’habitude de n’en prendre qu’une ou deux fois le jour ; on n’en convient pas. Ce n’est pas non plus un aliment. L’Auteur se contredit, puisqu’il a soûtenu jusqu’ici que c’en étoit un. Quoiqu’il en soit, sa proposition est vraïe, voïons sa raison. Le tabac n’est pas un aliment, car beaucoup lui refusent ce titre. L’excellente raison ! Reste qu’il ne soit qu’un amusement, un plaisir, un passe-tems. Cela est ainsi quand on en prend sans un véritable besoin, & non quand on le prend par remede. Or ce qui n’est qu’un amusement, ce qui enyvre, ce qui donne des forces, ce qui ôte la faim & la soif, & ce qui ne se prend que pour le plaisir, ne rompt-il pas le jeûne ? Voilà qui est trop chargé : il falloit, pour la justesse, s’en tenir aux termes d’amusement, de plaisir, & de passe-tems, où l’on a borné la propo-