Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/252

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de la force, & à être aliment elle-même. Quelques personnes ont l’estomac disposé de telle maniere, que l’eau pure leur suffit pour toute boisson ; la plûpart ont besoin d’y mêler un peu de vin, ou de boire à la place quelqu’autre liqueur. C’est à chacun à s’examiner sur ce point ; mais comme cet examen ne se peut bien faire, si l’on ne connoît les qualitez de l’eau que l’on boit, nous allons les exposer de maniere, que chacun puisse juger là-dessus du bien ou du mal qu’il en doit attendre par rapport au régime du Carême.

L’eau pour être bonne, doit ressembler à l’air pur, c’est-à-dire, n’avoir ni odeur, ni goût, ni couleur. Il faut de plus, qu’elle soit médiocrement fraîche ; qu’elle s’échauffe & se raffroidisse aisément ; qu’étant évaporée sur le feu, elle ne laisse aucun sédiment sensible ; que les légumes y cuisent aisément ; & enfin qu’elle ne soit point fournie par des neiges ou des glaces nouvellement fonduës, comme sont ordinairement en Carême les eaux de riviere : ce qui doit obliger alors, ceux même qui sont accoûtumez à ne boire que de l’eau, mais qui n’en sçauroient avoir d’autre, de corriger leur boisson par un peu de vin.