Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/257

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Elle aide à l’action de la salive sur les alimens, & contribuë par conséquent d’une maniere considérable à la digestion. La salive est un levain puissant ; mais ce levain est sans force, s’il n’est étendu : l’eau sert à l’étendre ; & comme l’eau-forte acquiert plus de vertu lorsqu’elle est mêlée d’un peu d’eau commune, de même la salive étant détrempée par l’eau, en devient plus puissante & plus active[1]. La salive est une espece de savon naturel. Ce savon veut être délaïé pour agir. Que conclurre de ces refléxions ? Que l’eau renfermant des qualitez si salutaires, doit être buë à longs traits ? Non, sans doute, mais qu’étant buë avec modération, on en doit attendre de grands avantages. L’eau délaïe le sang, il faut donc en boire ; mais comme elle pourroit le délaïer avec excés, il faut en user avec mesure : l’eau prévient ou calme l’effervescence des humeurs, mais quelquefois elle peut les trop ralentir : l’eau entretient les parties souples, mais elle peut aussi les relâcher : elle dissout les sels, mais elle peut les noïer : elle développe le levain de la salive, mais elle peut l’affoiblir : elle dégage les

  1. La salive enleve les taches des habits ; mais étant mêlée d’une goute d’eau, elle produit cet effet beaucoup plus promptement.