Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de même de la soif, elle vient de l’inaction des fibres nerveuses, que le desséchement roidit, & rend impuissantes au mouvement. Leur foiblesse, (l’Auteur veut dire, leur souplesse) perduë ou diminuée, affoiblit leur ressort. L’oscillation cesse, le broïement se fait mal, les coctions & les digestions sont interrompuës, parce que la trituration manque, & de-là vient qu’on a si peu faim, quand on a bien soif. Les liqueurs enfin croupissent, elles se salent, ou s’aigrissent par leur lenteur ; & les fibres imbibées d’une saumure, qui les pénètre & les séche, font sentir à l’ame une impression douloureuse, & au corps une anxieté insupportable. Mais parce que rien n’expose tant la vie, que le desséchement, qui l’abrege & la finit ; rien aussi ne doit tant incommoder la nature, que tout ce qui l’en menace : ce seroit donc s’entendre mal à la mortifier, que de lui épargner dans le jeûne les incommoditez de la soif. »

Voilà le portrait consolant que l’on nous fait de la soif, pour exciter tout le monde à la souffrir en Carême, comme une partie essentielle du jeûne. Mais l’Auteur auroit pû mieux s’accorder avec lui-même, dans les motifs qu’il nous propose ici, pour nous encourager à jeûner. Il dit en