Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cent endroits de son Livre, que le jeûne est favorable à la santé, qu’il convient aux besoins du corps. Il ajoûte même, que rien n’est plus propre à prolonger les jours, & maintenant il le représente du côté de la soif, comme la chose du monde la plus capable de sapper les fondemens, non seulement de la santé, mais de la vie. La soif fait plus souffrir pendant trois heures, que la faim pendant trois jours : la soif est toûjours contre nature, elle vient de l’inaction des fibres nerveuses, que le desséchement roidit. Les digestions & les coctions sont interrompuës dans la soif. La trituration manque, les liqueurs croupissent, se salent & s’aigrissent. Les fibres s’imbibent d’une saumure qui les pénètre & les desséche. Rien n’expose tant la vie que le desséchement, qui l’abrege & la finit : la soif produit ce desséchement, c’est donc mal s’entendre à mortifier la nature, que de lui épargner la soif dans le jeûne, &c. A ce langage ne soupçonneroit-on pas l’Auteur de chercher plûtôt à décrier le jeûne, qu’à le recommander ? Mais la peinture qu’il fait, est fort éloignée de la vérité. La soif que l’Eglise veut que l’on souffre, n’est point de la nature de celle dont il donne une si affreuse idée ; elle est au contraire quel-