Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/274

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quefois plus salutaire au corps que nuisible : la plupart des maladies viennent de trop de sérosité, & les Medecins sont souvent obligez de suspendre l’usage de la boisson aux malades : on remarque même, que les soins de la nature vont presque tous à chasser du corps les sérositez superfluës, & que ceux en qui cette évacuation n’est pas suffisante, sont plus sujets à être malades que les autres.

De la maniere dont nôtre Auteur peint la soif qu’il veut qu’on endure en Carême, personne ne s’aviseroit de douter qu’elle ne fût trés-capable de détruire les passions, puisqu’elle ne va pas moins que détruire tout le corps. Il appréhende cependant qu’on n’en doute ; & pour lever là-dessus toute incertitude, il se fait une objection, à laquelle il répond d’une maniere, qui assurément ne laisse aucune réplique.

« Objection. On demandera quelle proportion & quel rapport on peut concevoir, entre la soif & de honteux penchans qu’on prétend qu’elle éteint. Quoi de plus propre, au contraire, pour échauffer le cœur, que ce qui excite l’ardeur & porte le feu par tout ?

« Réponse. On vient de voir l’affoiblissement où la soif met les nerfs,