Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/290

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sang, ne soit en proportion avec ce qui s’y trouve de fluide, que comme un l’est à trois. Mais nous assûrerons, que quand cela seroit constant, ce qui n’est point, il ne s’ensuivroit pas que ce fût une regle générale, qu’il fallût boire le triple de ce qu’on mange. On ne sçauroit rien établir de fixe sur un cas comme celui-ci, où le tempérament & la maniere de vivre apportent tant de changement. Il y a des personnes d’une compléxion froide & pituiteuse, qui se trouveroient fort incommodées de boire le triple de ce qu’elles mangent, & d’autres à qui ce ne seroit peut-être pas assez de s’en tenir à cette mesure ; les uns transpirent plus, les autres moins ; les uns mangent des viandes qui renferment peu d’humidité, les autres aiment les fruits, les salades, & d’autres nourritures semblables, qui contribuënt beaucoup à détremper le sang : ainsi c’est se tromper, de vouloir nous donner pour maxime, que si ce qu’on mange, monte, par exemple, à deux livres, il faille prendre six livres de boisson.

Mais quittons cette question, pour examiner le sentiment de nôtre Auteur, sur la préference qu’il veut qu’on donne à l’eau dans les repas de Carême.