Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/30

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se travaillent dans les corps des animaux, les soufres sur tout, qui en viennent, ont généralement parlant moins de volatil, & c’est ce qui fait le merite de l’huile, qui par-là devient souvent préférable au beurre[1]. »

Il ne manque ici à nôtre Auteur que le suffrage de l’experience ; car si l’huile est une substance moins affinée et moins inflammable que le beurre, d’où vient donc qu’à la presence du feu elle s’enflamme plus aisément ? Il faut ou nier l’experience, ou avoüer que nôtre Auteur n’a pas rencontré juste, de poser comme il fait pour principe, que les sucs qui se préparent dans les vegetaux, sont moins vifs & moins affinez que ceux qui se travaillent dans le corps des animaux : nous ne disons rien ici du camphre qui est si vif, qu’il brûle dans l’eau même ; n’est-ce pas le suc d’un vegetal, & en en peut-on trouver dans les animaux de plus inflammable ? Si l’huile est plus inflammable que le beurre, elle a cet avantage d’être plus à l’épreuve du tems, & de n’avoir pas besoin comme le beurre, du secours du sel contre la corruption[2]. Cette liqueur se conserve d’elle-même, et sert à conserver

  1. P. 257. de la 1e édit. & p. 446. de la 2e, tom. 1.
  2. On met environ quatre onces de sel sur chaque muids d’huile, pour qu’elle soit plus de garde, mais ce n’est rien en comparaison de ce qu’il en faut pour conserver le beurre.