Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/36

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qu’on y remarque, on en tire un sel vitriolique si agissant, que ce sel dissout les perles, les coraux, & plusieurs pierres précieuses, comme fait l’esprit de vitriol : ce qu’il a de commun avec le sucre qui donne tout de même un acide fort corrosif, mais il faut remarquer aussi que cet esprit acide, tant du sucre que du miel, est embarrassé par des parties sulphureuses, qui en moderent considerablement l’action.

Le sucre est un suc doux & agréable, tiré d’un roseau qui vient en plusieurs lieux, & principalement aux Isles de Madere & de Canarie. Les Anciens connoissoient[1] ce suc, mais ils ignoroient la maniere de le condenser, de le durcir, & de l’affiner, comme nous le faisons. Il n’étoit usité de leur tems que dans la Medecine ; & il seroit à souhaiter pour la santé des hommes, qu’il ne se fût pas introduit sur les tables, où il est devenu si fréquent, qu’il n’y a presque plus de mets où il n’entre. On ne se contente pas même d’user de sucre dans les repas, on porte sur soi des sucreries de toutes sortes, pour en pouvoir manger à toute heure ; on y

  1. Dioscor. lib. 11. cap. lxxv. Galen. lib. 7. de Simpl. Medic. Fac. Theophr. in Fragm. libel. de melle. Plin. lib. 12. cap. 8. Senec. Epist. 84.