Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/386

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vres. Et il ajoûte ici, que si autrefois une Reine de Perse, dont il rapporte un mauvais conte, qu’il appelle néanmoins un conte plaisant, attribua l’indifférence que son mari avoit pour elle, à l’excés qu’il faisoit du caffé : elle devoit plûtôt en accuser l’eau-de-vie que ce Prince bûvoit. Voici l’Histoire dans les mêmes termes qu’il la raconte. Cet exemple servira d’ailleurs à faire voir que l’Auteur du Traité des Dispenses n’est pas d’une humeur si austere, qu’il ne sçache rire quelquefois.

« Une Reine de Perse, dit-il, ne sçachant ce qu’on vouloit faire d’un cheval qu’on tourmentoit pour le renverser à terre, s’informa à quel dessein on se donnoit, & à cet animal, tant de mouvement. Les Officiers firent honnêtement entendre à la Princesse, que c’étoit pour en faire un Hongre. Que de fatigues, répondit-elle, il ne faut que lui donner du caffé ! Elle prétendoit en avoir la preuve domestique dans la personne du Roi son mari, que le caffé avoit rendu indifférent pour elle. Le conte est plaisant, mais c’est un conte. En effet, plusieurs Historiens nous apprennent que les Perses ne font point débauche de caffé : il sera donc plus vrai-semblable que l’indifférence du Roi de