Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sel, ont l’esprit moins[1] pénétrant, l’imagination moins vive, la vûë moins forte, le corps moins robuste ; & pour dire tout ce qui en est, que la fecondité est beaucoup plus rare parmi eux. En sorte que le sel, selon l’expression d’un[2] sçavant Auteur, est dans nos corps comme une nouvelle ame qui en conserve la vie & l’action. C’est pour cette raison, que les Anciens qui l’envisageoient sous cette idée, le regardoient comme quelque chose de sacré, & de si sacré, qu’ils concluoient leurs Traitez les plus solemnels en tenant un doigt de la main dans du sel, ce qui mettoit le dernier sceau à leur engagement, & rendoit leur parole irrévocable.[3]

  1. Mundius, de Esculentis, cap XI. de sale.
  2. Matth. Untzer. de sale. cap. 28.
  3. C’est à quoi l’Ecriture fait allusion dans ces paroles du chap. 18. des Nombres : Omnes primitias sanctuarii quas offerunt filii Israël Domino, tibi dedi & filiis ac filiabus tuis jure perpetuo. Pactum salis est sempiternum coram Domino tibi ac filiis tuis ; & dans celles-ci du second Livre des Paralipomenes, Num ignoratis quod Dominus Deus Israël dederit Regnum David super Israël in sempiternum ipsi & filiis ejus in pactum salis. cap. 8.

    Cette coûtume s’est même conservée pendant quelque tems, en certains endroits d’Allemagne, sur quoi on peut voir Vvigandus, in consid. Meth. & Theol. de sale, où il s’explique en ces termes : Apud senes Germanos nostrâ memoriâ moris erat, quando aliqui consentirent in aliquam rem quam communiter vellent exequi, ut posito acervulo salis in mensam, quilibet adsentiens, digitum in illud sal