Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/68

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vinaigre est vineux, & contient par conséquent assez de parties sulfureuses pour n’être point corrosif absolument ; au lieu que celui des mineraux est caustique ou brûlant, parce que rien d’huileux ne le tempere.

Si cela est, l’acide du sucre ne sera donc pas tel qu’on vient de nous le representer. Car enfin le sucre est un vegetal, & un vegetal des plus sulfureux : mais il n’importe, voïons ce que nôtre Auteur ajoûte. Il conclut que ce qu’on raconte d’Annibal, qui se fit un chemin par les rochers avec du vinaigre, est faux ou exageré. Mais de quoi sert-là ce trait d’Histoire, & en même temps quelle conclusion ? Car enfin, outre qu’il est constant que le vinaigre ronge la pierre, comme on peut s’en convaincre, en laissant tremper pendant quelques heures, de petits cailloux dans du vinaigre ; il ne s’ensuit pas que s’il ne peut ronger des rochers jusqu’au point de donner passage à une armée, il ne s’ensuit pas, dis-je, qu’il ne soit pas corrosif. Il l’est assez pour dissoudre les perles les plus dures, & l’on sçait là-dessus l’Histoire de Cleopatre[1]. Au reste on voit bien que l’Auteur n’a pas consulté ici Tite-Live. Cet Historien ne prétend pas qu’Annibal s’en soit

  1. Plin. lib. 9. cap. 35.