MOYENS D’ADOUCIR
l’usage du Maigre.
l y a des personnes délicates que
l’abstinence exacte incommode considérablement,
quelques précautions
qu’elles apportent dans le choix des
viandes, & des assaisonnemens. On
ne peut douter que celles-là ne méritent
quelque indulgence ; or le seul
adoucissement qu’on puisse leur accorder,
lorsque la viande ne leur est
pas absolument nécessaire, c’est l’usage
des œufs. La plûpart des alimens
maigres, pourvû qu’on ne les pervertisse
point par l’excés des assaisonnemens,
ne peuvent incommoder que
parce qu’ils sont ou trop aqueux, ou
trop terrestres. Or on trouve dans les
œufs une nourriture exempte de ces
deux vices ; & le moïen, par conséquent,
de corriger ce que les alimens
de Carême peuvent avoir de moins
convenable pour certains tempéramens.
Les œufs sont composez de
deux parties principales, qui sont, le
jaune, & le blanc. Le jaune contient
beaucoup de parties huileuses, & un
sel acide volatil. Le blanc renferme un
acide plus fort, des parties huileuses,
& une quantité modérée de flegme.