Page:Andry de Boisregard - De la Génération des vers, 1700.djvu/251

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Cette raillerie, qu’on fait plaisamment sur la vertu de certains remedes, est neanmoins mal fondée, & voicy une experience qui fait voir comment les remedes, sans avoir d’intelligence, ni de billet pour les conduire, vont porter leur effet à une partie plûtôt qu’à une autre.

Que l’on jette de l’eau forte sur un composé d’or & de fer, cette eau-forte s’attachera au fer, le dissoudra, & coulera sur l’or sans y faire impression. Jettez de l’eau regale sur ce même composé, cette eau ira porter son action sur l’or, & ne touchera point au fer ; d’où vient cette difference, est-ce que ces eaux ont de l’intelligence, pour aller dissoudre l’une le fer plûtôt que l’or, & l’autre l’or plûtôt que le fer, non sans doute : Mais c’est que les parties insensibles de ces eaux sont de differentes figures, & les pores de ces corps aussi ; en sorte que lorsque l’eau forte, par exemple, trouve un corps comme l’or, dont les pores ne sont pas proportionnez à la figure de ses pointes, elle coule dessus sans y faire d’impression, & sitôt qu’elle en trouve un, dont les pores sont figurez d’une maniere propre à recevoir ses pointes, comme est le fer,