Page:Andry de Boisregard - De la Génération des vers, 1700.djvu/311

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est point mal-faisante, & c’est une erreur grossiere de penser que ce breuvage, quand il est ordinaire, rende les gens chagrins & de mauvaise humeur, comme se l’imaginoient les Grecs, qui traitoient Demosthene d’homme épineux & difficile, parce qu’il ne beuvoit que de l’eau ; car c’est le reproche qu’ils faisoient à cet Orateur, lorsqu’il leur representoit un peu vivement leur devoir. Si l’on y fait reflexion, on verra que le vin a dérangé bien des cerveaux, qu’il a abruti bien des gens d’esprit, & souvent chargé en ferocité les mœurs les plus douces. Aussi les personnes les plus Sages ont toûjours été sobres sur le vin. Demosthene, dont nous venons de parler n’en beuvoit point, & on l’appelloit le beuveur d’eau, comme il le témoigne luy-même sur la fin de sa seconde Philippique. Ciceron en beuvoit très-peu aussi : En effet le vin peut fournir quelques bons mots, il rend quelquefois les gens agreables dans les repas, il donne de la facilité dans les conversations, ainsi que le remarque le même Ciceron[1] ; mais comme l’insi-

  1. Cicer. pro Cœlic. versus finem.