Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/166

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livide et plombin ; si je suys mort, il perdra entierement sa splendeur et deviendra noir comme un charbon estainct ; et si je suys en liberté et santé, il retiendra sa couleur vive et ardente telle que la luy voiez à present, de tous lesquelz effectz le verbe significatif est inscript d’esmail noir au dedans, en telle parolle : TANT QUE VIVRAY. Parquoy, ma tresaimée, je vous laisse et donne cest aneau, pour asseurance et gage de ma Foy (comme l’Aneau est le propre symbole d’amour et Foy), vous priant en ceste confiance et seure attente de mon retour, pour l’amour de moy le garder et souvent regarder, en curieuse inspection de mon portement. Et ce disant, luy mis l’aneau au doy et le baiser enlangagé en bouche, qu’elle receut et l’un et l’autre fort gracieusement et amiablement, mais avec abondance de larmes grosses, telles que non feinctes, mais cordiales ; et neantmoins consolée sur l’esperance de mon retour fidelement promis, s’appaisa et consola en elle mesme. Or, durant le sejour que je fey avec elle, je prenoie tous les jours mon passetemps à deux choses principallement, l’une à retirer des montaignes, roches et cavernes, les