Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/167

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hommes, femmes et enfans dispers et vagans, qui par craincte du cataclysme s’estoient sauvez ès lieux, où ils estoient devenuz barbarins et presque sauvages, lesquelz par doux langage et quelques bienfaictz je attiroie vers moy à la plaine campaigne, leur faisoie gouster les fruyctz de la terre et mesmement des lambrusques, qui en ce temps estoient meures – car c’estoit sur l’autonne –, leur enseignoie comme il les failloit transplanter et cultiver en vigne pour les adoucir et en tirer la suave liqueur du vin, d’ond je leur en donnoie le goust, qu’ils trouvoient merveilleusement bon et delicieux ; et aussi des autres fruyctz de la terre, et des bledz et semences. Car par avant, ilz vivoient de gland et de carnage, comme Porcz, Sangliers, Loups ou bestes ravissantes, voire aucuns de chair humaine ; et ne beuvoient que l’eau simple, ou du laict des bestes qu’ilz savoient jà bien nourrir ès pasturages des montaignes. Semblablement je leur apprenoie à esbaucher et charpenter bois, à esquarrir pierres, destremper terre grasse et de tout cela edifier cases et maisons au long des fleuves, pour leur retraicte et seure garde de leurs personnes et