Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/249

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que de la cheute assez haute. Dond l’esprit du noir chevalier qui l’avoit là apporté pour son bien et qui prenoit plaisir à faire courroucer sa chaude jeunesse de chault sang boillante, se print à rire plus fort et plus haultement que jamais, en la mesme voix qu’il l’avoit ouy rire le jour precedent. Dond Alector irrité se leva sur piedz en grand courroux, luy disant : Ha, monsieur le diable de rieur, c’est donc toy, gentil Gallehault, qui te mocques et ris ainsi de moy, quand par mesadventure tu me vois par terre comme un lourdault ; mais si je te puys tenir... Est ce mal faict que de rire sans pis faire (dist l’esperit) ? Tu me menaces bien vainement et à tort, pour t’avoir faict grace ! Car si j’eusse voulu, n’a pas une heure je t’eusse laissé tomber de dessus les nues sur les dures roches, où au contraire je t’ay laissé couler doucement sur l’herbe et la terre molle, pour ne t’affoler, et si je t’ay un peu faict faire la grenoille pour rire du feu de ta plaisante jeunesse, ce n’a esté pour mal, mais pour ton bien. Car je suys ton parent et t’aime, et me delecte à t’ayder, comme autresfois le pourras cognoistre au temps que tu auras bien besoing de moy. Et saches que ce fut