Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/48

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nous eusmes perdu de veüe ma Dame Noemie, nous en vinsmes fuyans à Orbe, pour annoncer à ses freres ces tristes nouvelles. Et autre chose n’en say, sinon que l’endemain au soir, vismes arriver saine et sauve celle que nous pensions estre totallement perdue, en la conduycte et compagnie d’un tresbel Escuyer, que velà present, qui depuys a demouré en la maison des seigneurs Gratians, se maintenant fort gracieusement envers tous, et bien amoureusement avec ma Dame Noemie, comme jeune gentilhomme avec belle damoyselle. S’il y a eu autre chose, je n’en say rien. Soit interroguée Arcane, qui en peut plus savoir. Quant à ma testation, Calestan en fera foy. »

Alors Calestan se leva, affermant le faict avoir esté tel, et en outre adjousta que en fuyant, la prophetie du Caloier luy vint en memoire estre vraye, car ce monstre Hippocentaure n’estoit homme ne beste, mais de double corpulance, ravissant et tuant. Quant à la bische blanche conquestée, c’estoit Noemie, le leopard (qui est beste bastarde du Lion et de la Pardalide) estoit Floridas, le bastard occis ; les deux Cerfz fuyans estoient eux deux, Tharsides et Calestan, serviteurs, qui de paour avoient abandonné