Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/49

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leur dame à la fuyte. Mais du reste de l’ainigme, il protesta qu’il n’y entendoit rien pour n’avoir sceu les effectz consequens, desquelz Arcane pourroit estre interroguée. Arcane, donc, par commandement du Potentat, se leva et, adjurée en foy de rapporter le vray, sur pene de la vie, ainsi racompta :

Tout ce que ont relaté Tharsides et Calestan est selon la vraye verité (ô Seigneur Dioclès). Après la fuyte desquelz, et de ma mule, estant à pied, ne savoie mieux faire que, par extreme douleur m’apportant desespoir de vie, courir après ma dame Noemie, que mon ame ne povoit abandonner, en suyvant le trac du Centaure, par la voie desvoiée que je luy avoie veu tenir, en cryant et lamentant si hault que tout le bois en retentissoit, et la seulle Echo me reclamoit, qui avec moy sembloit gemir la defortune de ma dame Noemie. A mes hautains criz et reverberations des bois, survint un tresbeau, jeune et brave Escuyer (qui est Alector que present vous voiez), monté sur un bon rossin, qui, me voyant ainsi courir toute esperdue, me demanda la cause de mon dueil, laquelle ayant entendue, me requist le conduire où j’avoie veu aller le monstre, et