Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/50

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qu’il en delivreroit ma dame, ou il y demourroit et mourroit. De telle promesse reconfortée, tellement que je me sembloie estre devenue legiere bische, je couru devant, vers l’espesseur du bois où j’avoie veu aller le Centaure, et l’Escuyer me suyvoit le grand gallop, tant que nous apperceusmes le Centaure ayant deschargé sa proie et la trainant par force dans le creux d’une roche environnée de quinze gros chesnes tresespés et feuilluz. Alector le voyant luy escria de loing : Laisse la pucelle, monstre biforme, et t’adresse à moy, qui te chastieray de ton outrage. L’hippocentaure l’oyant et le voyant venir à bride avallée, l’espée au poing, luy lascha une sagette, d’ond il l’eust persé de part en part s’il ne se fust couvert de son impenetrable escu. Parquoy, craignant que son cheval ne luy fust tué, mist pied à terre et s’adreça au monstre par merveilleuse hardiesse ; d’ond le Centaure esmerveillé, luy barbotant certaines barbares et sauvages parolles de furieuse menasse, luy deschargea un si pesant coup de masse que, soubz le bon escu qui le receut, il convint à Alector ployer un genoil ; mais vistement relevé, luy rendit chaudement d’un coup d’espée si roide jecté