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IV


Te souvient-il, ô toi qui fus ma bien-aimée,
Du chalet brun blotti sous des ormes vieillis,
D’où nous apercevions, sur la plaine embrumée,
Les clochers des hameaux cachés dans ses replis ?

Et revois-tu parfois la terrasse fermée
D’un chèvrefeuille en fleurs courant sur un treillis,
Où, tous les soirs, assis dans une ombre embaumée,
Nous regardions s’éteindre au loin les cieux pâlis ?

Et te rappelles-tu, sous ces branches fleuries,
Nos propos, nos projets, nos belles rêveries,
Nos longs et lents baisers, interrompus soudain

Quand la lune, passant le mur bas du jardin,
Montrait sa face d’or dans notre chèvrefeuille ?
O jours chers et lointains qu’un cœur blessé recueille !