Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI


À l’heure poignante où, tout au fond de la plaine,
Sur les étangs d’acier s’abattent des essaims
De courlis que le soir vers les roseaux ramène,
Quand j’ai baissé, pensif, le store aux grands dessins,

La nuit emplit la chambre ; ainsi qu’en ces fusains
Où sur des fonds noircis un peu de rougeur traîne,
Les reflets du foyer empourprent les coussins
Et le dossier luisant du vieux fauteuil de chêne.

Je reste à regarder l’arrière-plan confus
Des rideaux et des murs, indistinct et noirâtre,
Où, sans rien voir, mes yeux errent irrésolus ;

Et mon regard revient toujours au point rougeâtre
Dessiné dans l’obscur par la lueur de l’âtre,
Au vieux fauteuil de chêne où tu ne t’assieds plus.