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XLII


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Et l’homme s’écria : « C’est une injuste loi !
rêves surhumains, n’est-il donc pas de myrrhe
Qui puisse vous garder à jamais, quand expire
Le pauvre cœur humain qui vous portait en soi ?

Je saurais accepter le néant sans effroi,
Si ma mort ne devait, en m’écrasant, détruire
Une adorable image au doux et cher sourire,
Et que de longs pensers ont embellie en moi.

Si tout périt en nous, pourquoi dans notre argile
Cet amour si puissant qu’il remplirait le ciel ?
Et qui donc a versé d’une main malhabile

Un vin trop précieux dans un vase fragile,
Et placé dans un cœur qui n’est pas éternel
Un sentiment qui meurt dès qu’il se croit mortel ? »