Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/110

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Que ta vie ait son flot, pur, paisible et prospère,
Dans un constant bonheur plus ample que tes vœux,
Et qu’à travers des ans nombreux encor, ta mère
Soit heureuse, ô jeune homme, en te voyant heureux !


S’il est quelque pouvoir aux prières ferventes,
Tu sauras gré, plus tard, au jour où tu donnas
À celle qui marchait dans ces roches ardentes,
Cet instant de repos dont s’éloignent mes pas !


Le Jeune Homme.

N’ôte pas ton regard de mes yeux, étrangère,
Avant qu’ils aient appris pour toujours ta beauté,
Avant qu’ils aient saisi ta grâce passagère,
Pour la garder en eux quand tu m’auras quitté.


Laisse à mon cœur le temps de goûter sa blessure,
Étrangère, permets qu’il en soit pénétré,
Pour qu’il la porte en lui douce, profonde et sûre,
Et sache le bonheur dont il est séparé.