Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/124

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Ma pensée, indécise et tremblante, y pénètre,
Elle admire, elle craint ce pays enchanté,
Si beau, si clair, si pur, mais où rien ne veut naître,
Haineux étrangement de la fécondité.


Sur quel mont recouvert de neiges éternelles,
Que la lune vêtait d’argent clair et d’acier,
Fus-tu conçue au fond d’entrailles maternelles
Plus froides que l’azur virginal d’un glacier ?


Par quelle nuit limpide où la Route Lactée
Scintillait durement dans un ciel hivernal,
Sur quels marbres gelés fus-tu donc enfantée,
Sur quel lit de frimas, de givre et de cristal ?


Pour que ton être entier farouchement élude
Ou le plus haut bonheur ou le plus haut devoir,
Et s’enferme, obstiné, dans l’âpre solitude
D’une chair sans désir et d’un cœur sans espoir.


L’Étrangère.

Que sais-tu si je suis ce que je te semble être ?
Et que connaît de moi ton jugement hâtif ?