Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/125

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Dans tes propres erreurs ton esprit s’enchevêtre,
Trébuchant pour sortir de lui-même, et chétif


Prétend à mesurer plus loin qu’il ne s’avance,
Avec son insavoir toise la vérité,
Prend son aveuglement pour de la claivoyance,
Et condamne un dessein qu’il n’a pas médité.


Comme d’autres, j’ai pu ressentir les effluves
De ce souffle troublant et maudit qui, plus fort
Que les vapeurs du vin fermentant dans les cuves,
Nous enivre d’amour au profit de la mort.


Et j’ai pu tressaillir, comme mainte autre femme,
Du désir des baisers, des fièvres, des combats
Sur qui la volupté descend comme un dictame,
Et des lents abandons où l’on se parle bas.


Surtout j’ai pressenti les obscures délices
D’un enfant qui tâtonne et boit à notre sein,
Et le profond bonheur des muets sacrifices
Dont la vigne nourrit la grappe de raisin.