Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/142

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Tu t’écouteras, triste et la tête baissée,
La voix qui t’apportait un fragment d’avenir ;
Tu te retourneras vers l’heure dépassée
Vers qui le pas humain ne peut plus revenir ;


Tu tiendras, dans le creux de tes deux mains, la cendre,
Le petit tas éteint de ce peu de raison
Qui t’empêche aujourd’hui, cruelle, de m’entendre,
De voir mon bras tendu qui montre ma maison.


Et tu sauras aussi que l’orgueilleuse flamme
Qui tua ta tendresse en séchant ton espoir,
Du même feu mortel brûla, dans une autre âme,
Le bonheur, la fierté, peut-être le devoir.


Pourquoi te tais-tu donc ? N’as-tu rien à répondre ?
Et pourquoi vers le sol tiens-tu ton front penché ?
J’attends les hauts propos qui doivent me confondre,
Du dédain sur lequel ton cœur s’est retranché !


Ah ! je te suppliais de mettre, tout à l’heure,
Dans mes yeux, la douceur que ton regard contient !
Regarde-moi ! je veux à mon tour que demeure,
Dans tes yeux, la détresse et la douleur du mien !