Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/143

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Relève donc ton front ! Quoi ! tu connais les larmes !
Très aimée, adorée ! ah ! laisse-les couler !
Qu’elles lavent ton cœur des pernicieux charmes
Qu’en elles je crois voir se dissoudre et trembler !


L’Étrangère.

Ne touche pas ma main ! Laisse-la solitaire !
Je ne veux pas aimer ! Je ne veux pas aimer !
Non ! je n’aimerai pas ! Je t’ordonne de taire
Ce murmure d’amour où tu crois m’enfermer !


Laisse-moi, laisse-moi suivre mon chemin seule !
Retourne sous ton toit où je n’entrerai pas !
Je ne veux pas aimer ! j’ai vu des pleurs d’aïeule,
Et des mères en vain appeler des ingrats !


Je ne veux pas aimer ! Je ne veux pas qu’on m’aime !
Mon sein restera vide entre mes bras ouverts !
Non je n’aimerai pas ! Et que la main qui sème
Les épis de la mort se sèche dans les airs !