Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/21

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Envoyer jusqu’ici son écume et ses baves,
Et border à tes pieds le rivage d’épaves ;
Et quelques jours après on retrouvait les corps
Des marins qui chantaient en sortant de leurs ports.
Et n’as-tu pas alors mieux aimé ton village,
Blotti dans la falaise au-dessus du naufrage,
Où la proche forêt donne aux morts leur bûcher,
Ton jardin vert au bout duquel vibre un rucher,
Ton arpent de verger qui de fruits s’illumine,
Ton filet d’eau chantante, et ta sûre chaumine
Qui laisse entrer l’été par son volet ouvert,
Et dont le volet clos écarte l’âpre hiver ?
Crois-moi, plus que la Mer l’Amour est redoutable,
Contemple les de loin, sur ta butte de sable.


L’Adolescent.

Ô maître, tu dis vrai, j’ai vu les ouragans
Poursuivre et dévorer les navires fuyants ;
D’un cœur respectueux, j’accueille ta sagesse
Récollée aux sillons de la vie, et je laisse
Tes conseils déposer en moi leur grain mûri.
Pourtant — car je ne sais te voiler mon esprit —