Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/32

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Je l’aperçus gravir le seuil où s’amoncelle
L’amas de ses rosiers, dont chaque fleur brûlait
En brasier merveilleux, qui bientôt s’écroulait
Dans un suprême éclat plus ardent et plus tendre.
Comme si, pour s’éteindre, il eût voulu l’attendre.


Je m’en revins alors par la grève ; le soir
Descendait ; sur la mer cessaient de se mouvoir
Des lueurs qui mouraient en devenant livides ;
Et la nuit pénétrait aussi dans mes yeux vides
Du spectacle effacé, jusqu’à remplir mon cœur.
Mais les flots conservaient leur traînante douleur.


Le Vieillard.

Je t’ai laissé, mon fils, achever ta peinture,
Mais la cause m’échappe ou me demeure obscure
Qui t’a mené si loin dans un si long récit.
Je ne vois pas encor paraître ce souci
Dont tu me demandais tantôt d’être le juge,
Et, sur d’autres chemins, ta parole transfuge
S’égare, en oubliant l’endroit où dès longtemps,
Puisque ton amitié m’en a prié, j’attends.