Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Reviens donc à ce point de doute et de scrupule
Que ce trop grand détour évite ou dissimule.


L’Adolescent.

 
Maître, il est vrai, j’ai pu me laisser arrêter
Sur la route par où je pensais t’apporter
L’émoi de mon esprit et son incertitude.
Ne crois pas, cependant, que j’écarte ou j’élude
Le jugement austère où je viens les offrir ;
Accorde moi pardon d’avoir trop pris loisir
En venant au lieu dit rejoindre ta sagesse,
Et que mon doute enfin devant elle apparaisse.


Tandis que l’étrangère auprès des flots rêvait,
Je t’ai dit quel regard magnanime elle avait.
Ceux qu’ont les plus beaux yeux des filles du village,
Près de lui, semblent faits pour le commun usage,
Ternes, bornés et lourds ; leur calme pureté
N’est qu’un miroir rustique où rien n’est reflété.
Si dans l’un d’eux parfois une lumière passe,
Qu’elle est pâle et débile au bord du large espace
Qu’emplissait la ferveur de cet autre regard !
Quelle audace il avait dans son vaste départ !