Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/41

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L’Adolescent.

J’aurai connu l’espoir si je n’ai le bonheur.


Le Vieillard.

L’espoir n’est qu’un gradin aux pieds de la douleur !


L’Adolescent.

De mes propres chagrins si ma sagesse est faite,
Elle est mon propre bien et ma propre conquête,
Elle est mon acte enfin ; l’autre n’est qu’une foi
Qu’une main étrangère a déposée en moi.
Celle que, par nos maux, nous avons méritée.
Comme elle parle mieux qu’une voix écoutée
Même avec déférence, ô mon maître, et respect !
Ce sont nos propres pleurs qui donnent son aspect,
Son vaste aspect tremblant et douloureux au monde ;
De quelques larmes qu’une autre face s’inonde,
Ce n’est qu’un fol amer sur des traits angoisseux,
Et nous voyons ces pleurs, sans voir à travers eux.