Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/42

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Je panserai ma plaie avec mon propre baume !
Et si je dois, un jour, rapportant sous ce chaume
Des genoux las, des bras vaincus, un cœur navré,
Un front toujours scellé du mal remémoré,
Si je dois, sous ces buis et ces roses vermeilles,
Trouver dans le travail borné de mes abeilles
L’exemple de la vie et sa juste leçon,
Ô maître, j’aurai fait moi-même ma moisson ;
J’aurai, laborieux comme ces ouvrières,
Cueilli ce miel durable aux plantes éphémères,
Et fait de doux pollen mes rayons pour l’hiver !
Je possèderai mieux ce que j’aurai souffert.



Et ne se peut-il pas que l’Amour nous amène
Vers la sagesse aussi, sagesse plus sereine,
Qui garde la douceur que nous cherchions en lui,
Et dont son souvenir, resté cher, est l’appui ?
Que dis-je ? une sagesse où sa flamme est encore,
Que sa même ferveur illumine et colore,
Comme tu vois souvent un lustre velouté,
Par de nobles couchants sur nos gerbes jeté.
Oui ! l’Amour, dont l’orgueil du sang est le prélude.
Ne peut-il s’achever en sûre gratitude